Adrien Roustan

Domaine d’Ouréa

Gigondas, Vacqueyras

Adrien Roustan

Domaine d’Ouréa

Gigondas, Vacqueyras

C’est en 2009 qu’Adrien Roustan crée le domaine d’Ouréa. Il vient alors de finir sa formation à Beaune, avec notamment une expérience au Domaine de la Romanée-Conti. La majeure partie des vignes est déjà dans sa famille (elle appartiennent à son grand-père) mais le domaine n’existe pas encore à proprement parlé. La cave est à construire mais le patrimoine de vigne est superbe et compte parmi les meilleurs terroirs de Vacqueyras et Gigondas. Adrien convertit aussitôt l’ensemble à l’agriculture biologique et obtient classiquement sa certification 3 ans plus tard. En 2020, il va même plus loin et lance une certification en culture biodynamique afin d’entériner de manière formelle les pratiques déjà en place à la vigne, avec notamment le travail du sol (et donc la non utilisation de désherbant) ainsi que des traitements en saison qui se limitent aux seuls produits de contact (soufre/cuivre).

Adrien dans une de ses parcelles, les dentelles de Montmirail sont en arrière plan

Adrien possède une petite vingtaine d’hectare de vignes, pour à peu près autant de parcelles différentes. On y retrouve pour schématiser 3 grandes unités de terroirs. La première est constituée de parcelles situées dans l’ancien lit de l’Ouvèze, la rivière locale. Ce sont des sols d’alluvions, constitués essentiellement de sables fins et de marnes. Les cuvées Tire-Bouchon et de Côtes-du-Rhône sont majoritairement issues de ces parcelles qui sont, pour 90% d’entre elles, situées en Appellation Vacqueyras (Adrien ne la revendique donc pas pour ces cuvées). Adrien possède ici, en complément des traditionnels Grenache et Syrah, de vieux cépages autochtones avec notamment de l’Oeillade, de l’Aramon ou encore de la Counoise

La deuxième grande unité, ce sont des vignes de petits coteaux (entre 100 et 130m d’altitude), implantées dans ce que l’on appelle localement La Grande Terrasse des Garrigues et qui offre des sols ayant comme composante commune des argiles brunes et jaunes, en quantité variable, et qui présente également une pierrosité (galets et graviers calcaires) très hétérogène. Ces parcelles représentent le coeur de l’appellation Vacqueyras et servent à la création des Vacqueyras rouge et rosé d’Adrien.

Vue sur une partie de la grande terrasse des Garrigues, le coeur de l’appellation Vacqueyras

La troisième grande unité de terroir que possède Adrien se situe sur l’appellation Gigondas. Son patrimoine de vignes ici est réellement exceptionnel. Ses 4 hectares de vignes sont situées dans la partie Sud-Ouest de l’appellation, juste en dessous du sommet du massif du « Grand Montmirail ». Sa parcelle la plus basse est située à 400m d’altitude, ce qui est déjà beaucoup pour l’appellation et la plus haute culmine à 520m, soit la plus haute de tout Gigondas. Le nom du domaine est d’ailleurs lié à ses parcelles hors normes puisque Ouréa est le « Dieu des montagne » dans la mythologie grecque.

Depuis le millésime 2020, Adrien fait une exception à sa volonté d’assemblage de terroirs. L’îlot le plus haut est désormais isolé et deux cuvées de Gigondas sont donc créées. Le Gigondas (« classique ») et la nouvelle cuvée La Belle Cime. Grenache, Syrah et une pointe de Cinsault cohabitent ici. Dans l’îlot le plus haut, Adrien possède également une petite parcelle de blanc, avec notamment de la Clairette.

On voit bien ici le défi réalisé de planter sur des pentes aussi abruptes où il a fallu gagner sur la forêt. Même le tracteur ne monte pas là-haut !
Vieux gobelets de Grenache

Pour préserver son travail à la vigne et laisser s’exprimer ses (grands) terroirs, le travail en cave est le plus traditionnel possible. Adrien n’est pas du tout dans la « mouvance » nature mais pour autant, les intrants en cave se limitent au strict minimum : un peu de soufre et…c’est tout. Des vendanges manuelles qui permettent un premier tri à la vigne, des vinifications en grappes entières (à l’ancienne) et des élevages exclusivement en cuve béton (non revetues), voilà la méthode appliquée. Rien d’extravagant donc mais toujours le respect du raisin comme priorité

Les cuves (en) béton d’Adrien
Elles ne sont pas là d’hier !

Petite anecdote pour conclure : dans le passé, Adrien utilisait la barrique, pour son vacqueyras blanc et son vacqueyras rosé. Ça ne lui a jamais vraiment plu,  il se « forçait » un peu… alors un matin il s’est levé, a vidé les quelques barriques qui contenaient encore du vin, les a remonté dans la cour et a mis le feu au tout 🤷‍♂️. Pas idéal idéal pour les finances du domaine mais par contre, ça soulage 🙂.

J’aime beaucoup Adrien, on passe toujours un bon moment au domaine; Il ne se prend pas au sérieux mais sous son air décontracté, c’est un super vinificateur. La maitrise des extractions est ici parfaite et les vins sont toujours d’une grande suavité (ce qui n’est pourtant pas l’adjectif qui nous vient en premier en général quand on évoque les vins de la région…), avec du fruit préservé, des terroirs qui parlent et des équilibres gourmands mais sans jamais de sensation d’alcool. Des modèles dans leur appellation respective.