Cyril Courvoisier
Cyril Courvoisier
Je pense avoir vu pas mal de parcelles de vignes dans ma vie mais honnêtement, à chaque fois que je vais à Cornas, et en particulier dans les parcelles de Cyril Courvoisier, je me dis toujours « quand même, cet endroit, c’est quelque chose… ». J’ai beaucoup de respect pour Cyril; pour ce qu’il a bâti surtout. Parti de rien, mis à part quelques friches nécessitant autant d’imagination que d’huile de coude avant de devenir un vignoble, il a crée un domaine, le sien, et il s’est aussi créer un nom, dans cette micro-appellation rhodanienne qui n’en manque pourtant pas (Clape, Allemand, Balthazar….)
Ce jurassien d’origine a débarqué à Cornas un peu par hasard, en 2007, après une petite expérience dans les baux de Provence. Cartésien et tête bien faite (il est oenologue et ingénieur agronome de formation), le rapport à la terre lui manque et il accepte donc un poste de chef de culture au domaine Colombo. Il y restera plus de 5 ans mais dès 2012, il sait qu’un jour il sera seul aux commandes, à la tête de son propre domaine et achète une première friche sur Cornas. Une bout de terre qui n’a pas vu de vignes depuis les années 40 et où forêts et chèvres ont repris leurs droits. Le potentiel est énorme et le travail, titanesque.
Si vous ne connaissez pas, l’appellation Cornas, c’est tout petit. Il y a environ 150 hectares de vignes pour toute l’appellation (c’est pratiquement 2 fois moins que le seul Chateau Margaux par exemple) et le coeur de l’appellation se compose d’un amphithéâtre qui regarde l’Est. Les Côtes (c’est là ou Cyril s’installe) est un tout petit lieu-dit situé tout en haut de cet amphithéâtre, à peu près au centre de celui-ci. Le premier travail de Cyril ici, c’est de déboiser et de (re)construire des terrasses en pierres sèches. Je crois que je l’ai déjà dit mais le travail est titanesque (c’est un adjectif qui reviendra plusieurs fois parce que franchement, je vois pas d’autres mots…) et durera 2 ans.
Cyril possède ici environ 30 ares de vignes. C’est un chiffre approximatif parce qu’entre les terrasses et les arbres que Cyril a gardé, pas facile d’avoir la superficie exacte. C’est de la syrah évidemment (seul cépage autorisé dans l’appellation Cornas qui est, au cas où vous l’ignoreriez, une appellation exclusivement rouge). La première plantation date de 2015, une autre petite partie suivra l’année suivante.
L’altitude est ici supérieure à 300m et la pente très forte (supérieur à 40% par endroit). La parcelle se compose de 3 grandes terrasses principales. Cyril a essayé « d’intégrer » au mieux sa plantation parmi l’écosystème naturel environnant. Il a notamment gardé des bosquets dans la parcelle, plutôt que de « tout raser ». C’est idéal pour conserver de la biodiversité et puis c’est également excellent contre l’érosion.
La roche est ici pratiquement affleurante, par endroits la couche de terre n’excède pas les 30 cm. Géologiquement, l’ensemble de l’amphithéâtre est à peu près homogène, en tout cas pour les parties situées sur les pentes. Il s’agit de granites décomposés, une structure proche du sable, mais qui peut s’agglomérer assez vite grâce à une petite présence d’argiles. Plus l’on va vers le sud, et plus l’argile se fait rare. Dans la parcelle des Côtes, la teneur en argile est faible, moins de 5 %. Dans Les Chaillots (l’autre parcellaire de Cornas de Cyril), elle est plus forte, autour de 15%
Le lieu-dit Chaillots est la partie la plus septentrional de l’amphithéâtre. C’est probablement le « climat » le plus connu de l’appellation et beaucoup considèrent que c’est le meilleur. Cyril possède ici 2 parcelles distinctes, une de 30 ares et une seconde de 25 ares. Le principe est le même que pour Les Côtes, Cyril est parti ici d’une page blanche (ou plutôt d’une forêt dense)…donc là aussi, déboisement…construction de terrasses…de murs en pierres sèches…travail titanesque…(bref, vous avez compris…). Toujours est-il que 15 ares ont été plantés en 2017, les 15 suivants l’année d’après. Le haut de la parcelle est en clonal (avec plusieurs portes-greffes pour la diversité) et le bas est en sélection massale. La seconde parcelle de 25 ares n’a commencé à être plantée qu’en 2019. Dans les deux cas, toujours dans cette quête de biodiversité, Cyril introduit d’autres espèces végétales, et notamment énormément d’arbres fruitiers (mirabelle, cerise, prune, abricot,…). Ici aussi, le territoire était vierge de vignes depuis les années 40 (petit détail amusant, il était alors à l’époque planté avec du chasselas)
Cyril est en agriculture biologique certifié. Il essaye de travailler ses sols le moins possible, en gardant toujours un couvert végétal, à minima dans l’inter-rang (il lui arrive de buter superficiellement sous le rang). Il y a plusieurs intérêts à ça, le premier c’est de lutter contre l’érosion. Un sol désherbé chimiquement, fermé, va évidemment avoir tendance à très vite raviner en cas de pluie. Ce que l’on sait un peu moins, c’est qu’un sol travaillé (labouré, ou à minima griffé) va lui aussi absorber beaucoup moins d’eau qu’un sol enherbé. En cas de forte pluie, une partie non négligeable de terre peut vite se retrouver en bas des parcelles, surtout avec les pentes affichées dans l’appellation. Autre intérêt d’avoir des sols couverts, c’est de garder de la vie. Là aussi ça peut paraitre contre-intuitif mais un sol trop souvent labouré minéralise beaucoup plus vite (il perd en matière organique). Toujours suivant la même philosophie, Cyril aime bien semer des engrais verts (il appelle ça des engrais jaunes d’ailleurs, parce que c’est majoritairement des céréales, de l’orge notamment). L’été, il obtient une petite paille, qui « empêche » les mauvaises herbes de s’implanter et qui permet de garder de la fraicheur et de l’humus dans le sol.
Cyril possède également des vignes en appellation Saint-Péray, appellation exclusivement blanche qui jouxte Cornas. Une seule cuvée est proposée actuellement (une seconde suivra). Elle s’appelle Rochette, c’est une parcelle complantée de Marsanne/Roussanne situé à 500m d’altitude. Pour schématiser (très) grossièrement, l’appellation Saint-Péray se compose de deux grands types de terroirs, des calcaires et des granites et cette Rochette est une parcelle en terrasses sur le granit. Le gamme se compose également d’un Saint Joseph, majoritairement issu de la commune de Mauves (au Sud de la longue appellation Saint Joseph donc).
A la cave, Cyril reste plutôt classique. Tout est travaillé en vendanges entières, avec des extractions douces et des macérations plutôt courtes, en levures indigènes. L’élevage se poursuit dans des vieilles barriques (pour les rouges). Cyril souhaite respecter la matière première qu’il fait entrer dans la cave et vinifie donc avec le minimum d’intrant, si possible même sans, même s’il peut mettre un peu de soufre si nécessaire. Les mises en bouteilles se font classiquement dans l’été. Les vins présentent une délicatesse et une élégance rares dans l’appellation, avec des degrés alcooliques très modérés (autour de 12°, ce qui est plutôt peu commun sur Cornas) et des finales toujours bien juteuses.
Les différents vins de Cyril Courvoisier disponibles
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Courvoisier Cyril – Cornas Chaillot 2021
46,00€ -
Courvoisier Cyril – Cornas Les Côtes 2018
49,90€ -
Courvoisier Cyril – Cornas Les Côtes 2021
49,90€ -
Courvoisier Cyril – Saint Joseph 2020
29,00€ -
Courvoisier Cyril – Saint Joseph 2021
29,00€ -
Courvoisier Cyril – Saint-Péray Rochette 2021
26,00€ -
Courvoisier Cyril – VDF 2018
39,00€