Gilles Troullier

Roussillon

Portrait de Gilles Troullier, vigneron nature en catalogne nord, roussillon

Gilles Troullier

Roussillon

Portrait de Gilles Troullier, vigneron nature en catalogne nord, roussillon

Un peu d’Histoire…

Cela fait maintenant plus de 20 ans que Gilles Troullier travaille dans le domaine du vin. Il a commencé par vinifier ses premières cuvées dans le Rhône Sud, chez Chapoutier. Peu de temps après son arrivée, à la fin des années 90, les Chapoutier décident de s’implanter dans le Roussillon et confient alors à Gilles la direction des activités du groupe dans cette région. Le domaine de Bila-Haut est créé.

D’abord sur une surface modeste (tout est relatif, on parle quand même de Chapoutier…), ça fonctionne assez vite plutôt très bien, les vins se vendent, Parker donne de bonnes notes…si bien que le domaine finira par grimper au fil des années jusqu’à l’équivalent de plus de 80 hectares (vignes en propre et achat de raisins).

Dans le même temps, pratiquement dès son arrivée dans la région, Gilles achète ou prend en fermage quelques petites parcelles de vignes et commence à vinifier pour son compte, en parallèle de ses activités pour Bila-Haut. Il gardera cette “double-casquette” pendant près de 15 ans. Aujourd’hui, Gilles Troullier ne travaille plus pour Chapoutier. Il est son propre patron, travaille comme bon lui semble, à la vigne et en cave et fait des vins qui lui ressemblent vraiment. Des vins d’artisans, des vins personnels, des vins vrais. Des vins qui ont toute leur place ici donc !

Vignes et philosophie de travail

Gilles Troullier possède actuellement 6 hectares de vignes, avec une très grosse majorité de syrah. Il travaille également du grenache (noir et gris), un peu de carignan et du lledoner pelut (un cépage catalan issu du grenache). Depuis la quinzaine d’années que Gilles fait son propre vin, la composition de son parcellaire a beaucoup variée, il a abandonné des vignes qu’il avait en fermage, en a vendu d’autres…Aujourd’hui, il essaye de se stabiliser et l’essentiel de ses parcelles se situent autour de Tarerach et Trévillach, au sud Ouest de Calce et Latour de France même s’il a tout de même gardé ses plus belles parcelles sur Saint Paul de Fenouillet (commune plus au Nord, en appellation Maury).

Pour schématiser, l’essentiel des vignes se situe sur des granites (et finalement très peu sur les schistes, sauf celles sur Saint Paul) mais le point important est surtout que Gilles recherche à construire un vignoble d’altitude. Il ne possède rien sous les 350m d’altitude et il possède des syrahs parmi les plus haute de la région, à près de 600m (Cyril Fhal lui achète du raisin de cette parcelle pour sa cuvée de négoce). C’est pour Gilles la clef pour obtenir des maturités abouties (des vraies maturités) tout en gardant un niveau d’alcool raisonnable et des bouches fraiches.

Une des parcelles de syrah d'altitude (520m), sur la commune de Tarerach. Les océans de vignes, c'est pas trop son truc et puis là, il est pas dérangé par les voisins...

Gilles Troullier travaillait en Biodynamie au domaine de Bila-Haut, et même s’il n’a aujourd’hui gardé que peu de choses de ses anciennes méthodes de chez Chapoutier, la biodynamie en fait partie. Il n’y a pas de certification pour autant mais Gilles n’a pas utilisé de produit phytosanitaire (hormis du soufre et du cuivre) dans ses vignes depuis 2002. Les sols sont également travaillés, une tâche que Gilles sous-traite.

De la vigne au vin

A ses débuts, Gilles vinifiait chez Chapoutier et profitait donc de belles installations avec tout le nécessaire (et même plus…) mais lorsqu’il est parti, on lui a demandé de prendre ses barriques avec lui (ce qui est normal). Il s’est du coup retrouvé SCF si l’on peut dire (Sans Chai Fixe…). Gilles est aujourd’hui installé dans un petit chai d’une quarantaine de mètres carrés, sur la commune d’Estagel. Un grand garage en fait avec une hauteur sous plafond lui permettant de travailler a peu près confortablement.

Le chai est pas grand mais la vue est sympa !

Gilles aime vinifier parcelle par parcelle et ne dispose donc que de petites cuves, ce qui finalement tombe bien. Prioritairement, il utilise de petites cuves en béton, c’est ce qu’il préfère mais il complète avec quelques cuves inox. Les fermentations se font en levures indigènes  et les extractions sont menées en fonction de la matière première et du millésime, mais toujours dans une recherche de fraicheur et d’élégance. Idéalement, Gilles n’ajoute pas de soufre sur tout le process mais parfois, il préfère mettre un gramme (voir deux) si besoin, plutôt que de faire du “déviant mais sans soufre à tout prix”.

La très grande majorité des cuvées sont élevées sous bois. Gilles varie les contenants (barriques et demi-muids) et les provenances. Une partie de la futaille vient de chez François Frères (il achète d’occasion en bourgogne chez Faiveley), une autre partie de chez Stockinger mais ce qu’il aime par-dessus tout, ce sont les barriques provenant de chez Mittelberger. Vous ne connaissez pas Mittelberger? Pas de honte à avoir, moi non plus avant ma visite chez Gilles… Il s’agit en fait d’une toute petite structure familiale, située en Italie. Les bois sont sélectionnés sur pieds dans les Vosges et séchés par eux. C’est vraiment de la tonnellerie haute couture, des vrais artisans, capables de faire des pièces sur mesure, dans tous les formats possibles (Gilles possède par exemple un petit tonneau de seulement 40l pour sa cuvée de rancio…) même s’ils sont plutôt spécialisés dans les foudres (ils n’en font pourtant qu’une vingtaine par an, de l’artisanat je vous dis!). En général, les élevages sont d’une dizaine de mois, avec une mise en bouteille avant la vendange suivante, sauf pour la cuvée Boréal qui passe un hiver de plus en barriques.