Julien Vedel

Vouvray

Julien Vedel

Vouvray

2000m2. C’est la surface de vignes que possède Julien Vedel. Si vous êtes un habitué, vous savez que je ne propose que de “petits” domaines (petits par la taille, évidemment…) parce j’aime proposer (et boire) les vins “d’une” personne (et pas d’une société), des vins personnels, des vins d’artisans. Des vins qui ont la gueule de l’endroit où ils sont nés et de celui (ou celle) qui les a fait. En général, les vignerons que je présente possèdent des surfaces modestes donc, plutôt aux alentours de 5 hectares, jusqu’à dix-douze hectares grosso-modo, en ratissant large. Donc avec 0,2 hectare…oui, le “domaine Julien Vedel” est définitivement le plus petit domaine présent à la cave (et je pense que ce titre honorifique ne lui sera jamais disputé). Pour essayer d’imager un peu les choses, 2000m2, c’est la moitié d’un terrain de foot à peu près (un petit hein, pas le Stade de France). Et juste à titre de comparaison, c’est 1310 fois moins que la superficie de Chateau Margaux…

L'ensemble des vignes de Julien Vedel tient dans cette seule photo. 10 rangs, pas un de plus.

Ce “petit jardin” qu’entretient Julien, planté de vignes centenaires, est idéalement situé en première côte de l’appellation Vouvray. Cette vigne, Julien l’a récupéré en Novembre 2011. Aux détours d’une discussion avec un ami, il apprend que ce dernier possède quelques rangs de chenin, qu’il louait il y a encore peu à un vigneron du coin. De vieux ceps qui sont donc aujourd’hui disponibles….Un de ces petits hasards qui change une vie. L’idée lui trottait dans la tête depuis un moment, alors, c’est décidé, Julien se lance, il va faire son vin !

Je dis son vin car à l’époque (en 2011 donc), Julien est très loin d’être un débutant et fait déjà du vin (et du bon!) depuis pas mal de temps. Il a un BTSA viti/oeno et a travaillé dans plusieurs domaines de Vouvray ainsi qu’en Tokaj, en Hongrie. En 2011, il est alors l’homme de confiance du domaine Foreau (Le Clos Naudin, un des domaines les plus réputés de Vouvray pour ceux qui l’ignorerait). Il y travaille toujours à plein temps d’ailleurs et s’occupe de son “petit jardin” seulement le soir et le WE. Un équilibre qui lui convient. Julien n’est pas un startupper dans l’âme et il ne prévoit pas d’expansion majeure dans un futur proche (ni d’expansion tout court d’ailleurs).

#CheninCheninChenin

Julien conduit sa vigne en biodynamie, il travaille suivant le calendrier lunaire, effectue les préparations 500 et 501 (“obligatoires” en BioD) et utilise également des préparats de plantes si besoin (prèle, achillée millefeuille,…). Evidemment, il utilise également du soufre et du cuivre (comme tous les “bios”) mais à des doses très inférieures aux limites légales. Avant sa reprise (en 2011), la vigne était déjà conduite en bio depuis plus de dix ans.

Une grappe de chenin approchant gentiment de sa maturité optimale

Julien ne possède pas de tracteur et fait tout à la main. Il n’utilise pas de désherbant et la vigne est labourée au cheval. Autre fait marquant, Julien ne rogne pas, les vignes sont tressées, une pratique rare.

Pas de rognage chez Julien. La vigne pousse sans jamais être contrariée et s'autorégule

Ses vignes sont parmi les plus anciennes de l’appellation. La date de plantation exacte n’est pas connue mais elles ont autour de cent ans. Julien effectue une sélection massale de ses meilleurs pieds, pour utiliser les bois pour ses complants mais aussi pour alimenter un conservatoire du chenin. Des pièces d’histoires qu’il faut préserver !

Un des ceps sélectionné comme étant représentatif et qualitatif du chenin B

Petite anecdote, Julien possède également quelques ceps (une dizaine) de cépage rouge (du grolleau). Il n’est pas rare de retrouver dans les très vieilles parcelles de chenin quelques pieds de “rouge”. Ils servaient à l’époque à faire le vin de tous les jours pour le vigneron. Cela arrive aussi parfois dans retrouver dans les parcelles plus récentes ceci dit mais dans ce cas, c’est plutôt parce que le pépiniériste s’est trompé !

Plutôt qualitatif à première vue...

Comme vous l’imaginez étant donné la surface de vignes qu’il possède, la production est totalement confidentielle. Un peu plus de 3 barriques sont produites chaque année (donc autour de 1000 bouteilles). Les barriques sont toutes de plusieurs vins, toujours achetées d’occasion sauf en 2015 où Julien a acheté une barrique neuve (de chez Atelier Centre France).

Barriques 2 chez Julien Vedel
Les 3 barriques de Compte Marc

Julien ne produit qu’une seule cuvée chaque année, un sec, qu’il appelle Le Compte Marc. En 2015, cette cuvée de sec est sorti sous deux versions, avec le Compte Marc “classique’ mais également une cuvée nommée Le Compte Marc Autrement, où le vin avait fait sa fermentation malo-lactique (Seul millésime où Julien à “fait les malos”, sur une barrique). Exceptionnellement, et pour la première fois depuis son installation en 2011, Julien a produit en 2018 un liquoreux, Le Compte Marc Patiemment.

Barriques chez Julien Vedel
Dans la cave...

Julien vinifie et élève son vin dans une petite cave située sous sa maison. Les fermentations se déroulent sous bois et grâce aux levures indigènes. L’élevage se prolonge jusqu’à l’été suivant les vendanges. Il n’y a aucun intrant hormis un peu de soufre, tout est fait à la main et en douceur, le vin ne voit jamais une pompe et il n’y a ni collage, ni filtration (sauf le Compte Marc Patiemment, qui est filtré stérile)

La chèvre de Monsieur Julien (mais ce n'est pas sa main)

La mise en bouteille s’effectue à la main, par gravité et barrique par barrique à l’aide d’une chèvre à deux becs, une “sorte” de “double robinet” mis directement sur la barrique. C’est un procédé très ancien, sans pompe, ni filtration, qui permet une mise très douce et sans aucun traumatisme pour le vin, contrairement aux procédés de mise en bouteilles actuels. C’est par contre beaucoup plus long et fastidieux…Le vin est ensuite bouché avec une ancienne boucheuse à main.

LA boucheuse à main de Julien Vedel
L'antique boucheuse à main que Julien utilise pour sa mise en bouteilles

Deux pratiques qui résument à elles seules la philosophie “d’artisanat d’art” que Julien s’est fixé et qu’il applique sur tout le cycle de création de ses vins. Des vins personnels, “faits mains” et de très haut niveau que l’on retrouve aujourd’hui chez une toute petite poignée de bons cavistes (;-)) mais surtout sur quelques très grandes tables étoilées françaises, comme Yam’Tcha*, Le Clarence** ou l’Arpège*** pour ne citer que les plus connus.

Les vins de Julien actuellement disponibles