Rié et Hirofumi Shoji

Domaine Pedres Blanques

Roussillon

Rié et Hirofumi Shoji

Domaine Pedres Blanques

Roussillon

Histoire

Nous sommes en 2011 et Rié ne s’appelle pas encore Shoji. En fait, elle ne connait pas encore Hirofumi. Ils sont tous les deux japonais mais il aura fallu un séjour en France pour qu’ils se rencontrent. Ce sera à Beaune pour être précis. Tous les deux aiment le vin et tous les deux préparent (et obtiennent) un BPREA (Brevet Professionnel Responsable d’Exploitation Agricole). Hiro part ensuite travailler, à la vigne et en cave, chez Frederic Cossard, tandis que Rié poursuit son cursus théorique par un Diplôme de Technicien Oenologique à l’Institut Universitaire de la Vigne et du Vin.

En 2014, Hiro fait un cours séjour dans le Sud de la France. Il se rend notamment chez Alain Castex, du Casot des Mailloles, à Banyuls. Il aime l’endroit et la philosophie de son hôte mais ce n’est pas à proprement parlé “le coup de coeur”. L’idée mettra en fait une année à mûrir.

Nous sommes donc en 2015, c’est l’été, Rié et Hiro sont fraichement mariés. Ils partent à Banyuls, pour les vacances mais surtout pour trouver des vignes et réfléchir sérieusement à une installation. Dans un premier temps, le couple avaient pensé poser ses valises dans le Jura mais Hiro aime la mer et ne se voyait pas vivre loin d’elle. Début 2016, ils trouvent finalement leur bonheur, avec 3.5 hectares de vignes en Appellation Collioure. Le domaine Pedres Blanques naît.

Les Vignes

Le domaine Pedres Blanques, c’est donc 3.5 Hectares de vignes, situés à l’extrémité Ouest de l’appellation Collioure. Il s’agit d’une parcelle d’un seul tenant, localisée au sommet d’une colline, au lieu dit Le Raimbau. En contrebas coule le Ravaner, un fleuve côtier servant de frontière à l’appellation et se jetant dans la Méditerranée au niveau d’Argelès-sur-Mer.

Les vignes dominent la plage d'Argelès

Comme souvent dans la région, le grenache est ici le cépage roi et constitue plus de 90% de l’encépagement du domaine. La majeur partie des vignes (2,5 hectares) ont une cinquantaine d’années tandis que l’hectare restant vient d’atteindre la majorité. Rié et Hiro possèdent également quelques centaines de pieds de Caladoc.

Une vue presque globale des vignes du domaine Pedres Blanques

Ce qui fait la spécificité (et pour moi la grandeur) du terroir du domaine Pedres Blanques, c’est en fait qu’il est composé des deux grands types de sols que l’on peut retrouver dans le Roussillon, les sols de schistes et les sols granitiques. Ces zones de rencontre entre deux grandes unités de terroir sont bien souvent extrêmement intéressantes car elles offrent des sols d’une grande complexité, avec une multitude de roches diverses et variées (avec une présence de roches métamorphiques notamment)

Un petit aperçu de la richesse et de la diversité du sol
Mur de schistes

La profondeur de sol sur l’ensemble du domaine est quasi nul et pratiquement partout où l’on marche, on retrouve des plaques entières de schistes qui affleurent. Il est impressionnant de voir la vigne implantée ici, directement dans la roche et l’on comprend alors toute la spécificité du lieu. Toute sortes de schistes sont ici présentes et l’on retrouve, notamment sur la partie la plus haute, des schistes bleus, ce qui est assez rare dans le coin.

Un chemin dans le schiste
Ce cep de grenache semble s'être posé sur une plaque de schiste

Le granit lui n’est pas commun du tout sur l’appellation Collioure. On en retrouve pourtant beaucoup ici et il est lui aussi évidement affleurant. C’est d’ailleurs un ensemble de bloc de granit sortant de terre qui donne son nom au domaine Pedres Blanques ou Pierres Blanches (C’est également ce que représente l’illustration sur l’étiquette des bouteilles).

Rié, Hiro et les "pedres blanques"
Granit et vignes

Les vignes sont plantées entre 250 et 300 mètres d’altitude, une très belle altitude déjà pour l’appellation et qui va contribuer à apporter de la fraicheur dans les vins, notamment grâce à des nuits un peu plus fraîches. Evidemment, les entrées maritimes de la Méditerranée toute proche aident également. Le domaine combine également trois expositions: Nord, Ouest et Sud. La “face Nord” est la plus impressionnante, de part sa pente (vertigineuse) et l’implantation des vignes en amphithéâtre. Rié et Hiro complantent les blancs principalement ici. C’est aussi le seul endroit où ils ont un voisin, le reste des vignes étant entouré de végétation sauvage.

Les vignes les plus hautes du domaine (300m d'altitude). Ce sont également les plus jeunes (20 ans)
l'amphithéâtre de vignes regardant le Nord

Pratiques Culturales

Les vignes, récupérées en 2016 donc, appartenaient avant cela à un coopérateur et étaient travaillées de manière conventionnelle (en chimie donc). Rié et Hiro ont désormais banni tout produit phytosanitaire (insecticide, pesticide, anti-fongique…). Ils n’utilisent pas non plus de cuivre, une pratique très rare (il est pourtant autorisé en agriculture biologique mais est accusé de détruire les sols à petit feu). Un seul produit a le droit de citer, du soufre poudre (autorisé lui aussi en agriculture bio) mais en très faible quantité (ils n’ont fait que 3 passages en 2017 par exemple)

Pour l’instant, Rié et Hiro n’ont pas vraiment de protocole pour le travail des sols. Il faut dire que leurs vignes ne sont pour ainsi dire pas mécanisables (forte pente, espace inter-rang aléatoire). Les vignes sont désherbées entièrement à la pioche (à la main donc) une fois au printemps, un vrai travail de forçat. Ceci dit, les sols sont tout de même très pauvres, comme on l’a vu, si bien que “l’herbe” est loin de les envahir.

Des sols vivants, où la végétation à droit de citer
Rié et Hiro au milieu de jeunes plants, avec un joli couvert végétal

Rié et Hiro ont récupéré des vignes d’un certain âge et de manière tout à fait normal, il y avait donc un certain nombre de manquant. Ils ont décidé de replanter en variant un peu les cépages. Ils ont donc complanté du grenache blanc, du grenache gris, du bourboulenc et du carignan blanc. Une majeur partie des plants vient d’une sélection massale de vieilles vignes d’Alain Castex du Casot des Mailloles (qui les a aidé dans leur installation et avec qui ils entretiennent toujours de très bon rapports).

Jeunes plants. Les pedres blanques sont en arrière plan

Rié et Hiro utilisent également une autre technique pour la gestion des manquants, qui comme on le sait est un problème complexe étant donné la concurrence sur les jeunes plants des ceps adjacents qui eux sont déjà bien implantés. Cette problématique est d’autant plus forte pour eux que la vigne commence à avoir de l’âge et que le sol est très pauvre. Afin d’assurer un bon enracinement, ils commencent donc par planter le porte-greffe américain seul. Une fois celui-ci bien implanté, au bout de deux ou trois ans, ils vont le couper à ras et greffer sur place le plant qu’ils auront sélectionné (en sélection massale).

Le porte greffe américain en phase d'implantation

La Cave

Cette partie sera la moins fourni, tout simplement parce que le travail en cave se limite au strict minimum ! L’objectif de Rié et d’Hiro, c’est d’imprimer le moins possible leurs “pattes” en vinification et de laisser les raisins exprimer leur terroir (ils ont raison parce qu’il est magnifique). La vinification se fait donc sans aucun intrant. Strictement aucun, même pas de soufre, à aucun moment. Les raisins sont encuvés (cuves inox) en grappes entières et fermentent sous levures indigènes. La cuvaison dure une trentaine de jours mais avec une extraction qui se limite au strict minimum : petit pigeage en début de fermentation puis léger “remontage”, au seau. Les jus sont ensuite entonnés par gravité en barriques usagées. Les fûts proviennent de chateaux bordelais et/ou de domaines bourguignons (la provenance exacte restera confidentielle…). Le pressurage se fait dans un pressoir vertical à main et les presses sont incorporées de suite. L’élevage se poursuit jusqu’en Avril, date à laquelle le vin est remis dans les cuves inox (toujours par gravité, avec un chariot élévateur) pour une mise en bouteille effectuée à la main et vous l’aurez compris, par gravité la aussi.

Le pressoir vertical à main

Si vous avez bien suivi, vous aurez donc remarqué que l’originalité du processus de vinification réside, tout d’abord dans la non utilisation de soufre (vin sans soufre ajouté) mais surtout, que tout se passe par gravité et que le vin ne voit jamais de pompe. En fait, cela va même plus loin puisque Rié et Hiro n’utilisent pas de source d’énergie extérieure pour faire leur vin si l’on excepte le coup de chariot élévateur (électrique) pour remettre en masse le vin fini dans les cuves inox. Un modèle de vin nature ?

Le vin de Rié et Hiro aujourd’hui disponible à la vente