Sylvain Dittière&Pauline Foucault
Domaine de la Porte Saint Jean
Sylvain Dittière et Pauline Foucault
Domaine de la Porte Saint Jean
L’histoire viticole de Sylvain Dittière commence dans le Muscadet, avec un BTS viti-oeno au chateau de Briacé. Il enchaine de suite par une première expérience chez le voisin, au domaine de l’Ecu, avec Guy Bossard à l’époque. Il part ensuite en Alsace chez Marc Tempé puis dans le roussillon chez les Gauby avec un passage chez son ami Cyril Fhal. Retour aux sources ensuite, dans le saumurois, d’abord au Château Yvonne, puis chez Thierry Germain. Il finit enfin par atterrir dans le domaine mythique de la région, au Clos Rougeard, chez les Foucault. Clairement, on a vu pire comme parcours…
En 2010, il monte son propre domaine et l’installe à…Montreuil ! Heuuu, comment ça, Montreuil?!! Ah…Oui…pas le Montreuil “dernier grand bastion communiste de France” (les vignes se font rares en Seine Saint Denis) mais Montreuil-Bellay, village du Maine et Loire de 5000 âmes bien connu des amateurs de vin, à 15Km de Saumur. Il l’appelle : Domaine de la Porte Saint Jean.
Il commence par acheter du raisin chez un viticulteur du coin qu’il connait bien et qui travaille proprement (en certification bio). En 2011, il achète sa première parcelle, qu’il possède toujours. Il s’agrandit alors petit à petit chaque année tout en se restructurant quand nécessaire afin de garder les parcelles qui lui plaisent le plus. Il achète également ses vignes “blanches”, de (très) vieux ceps de Sauvignon et de Chenin.
Sa dernière acquisition date de 2016, un ilot d’un peu plus de deux hectares, à la sortie du village. Il possède désormais six hectares en propre, qu’il travaille seul et n’envisage pas d’expansion majeure. C’est déjà une belle surface lorsque que l’on est seul et que l’on attache une grande importance (et donc beaucoup de temps) au travail à la vigne, notamment au niveau des sols.
La reconnaissance de son travail par la profession est déjà (bien) en marche et Sylvain Dittière est déjà considéré comme un des meilleurs vignerons de la région. Amateurs comme sommeliers ne s’y trompent pas. Toutes ses cuvées sont rapidement épuisées au domaine et ses vins sont désormais à la carte de plusieurs restaurants triplement étoilés, comme par exemple Chez Alain Passard, à l’Arpège.
Les différents terroirs et la conduite de la vigne
Sylvain Dittière possède donc six hectares de vignes. Il n’est pas un adepte du fermage et il est donc propriétaire de toutes les parcelles. L’ensemble du domaine est conduit en bio, même s’il ne possède aucune certification. Sylvain n’utilise aucun produit chimique de synthèse, ni insecticide ni fongicide. Les seuls produits appliqués sont le soufre et le cuivre, uniquement lorsque c’est strictement nécessaire et en quantité le plus faible possible.
Sylvain Dittière possède deux parcelles de rouge. La première est située à Brossay, entre Montreuil-Bellay et Doué la Fontaine, au lieu dit Les Cormiers. C’est la première parcelle achetée par Sylvain, deux hectares de cabernet franc d’une soixantaine d’années. C’est un beau terroir classique de calcaire et silex du jurassique. Le sol est peu profond, une cinquantaine de centimètres de limon argilo-sableux avant de tomber sur la roche calcaire.
La seconde parcelle est la dernière acquisition de Sylvain Dittière. Un joli îlot d’un seul tenant d’un peu plus de deux hectares, situé à la sortie de Montreuil-Bellay, au lieu dit Les Pouches. Sylvain possède ici à la fois du cabernet franc et du chenin. Le cabernet représente la plus grande surface, tout le bas jusqu’à un peu plus de mi-pente tandis que le chenin est lui localisé sur le haut de la parcelle. Sylvain en loue une partie à un de ses amis vignerons (François Saint Lô) et avec le restant, Sylvain crée une cuvée parcellaire de chenin, logiquement nommée Les Pouches donc. Le sol ici est plus profond que sur Les Cormiers, il se compose de limons argilo-sableux sur altérations de marnes jaunes du jurassique (ère secondaire). En bas de parcelle, on retrouve une petite zone alluvionaire sur calcaire (du quaternaire donc), avec des sables limoneux en surface. C’est globalement un sol avec un potentiel de vigueur un peu plus important que sur Les Cormiers, et ce d’autant plus que l’on se rapproche du bas de pente. Sylvain a récupéré ses vignes en 2016, le premier millésime de cette nouvelle cuvée est donc 2017. Un gros travail a été fait à la reprise par Sylvain pour juguler un peu cette vigueur (la vigne était de plus menée en conventionnelle par le précédent propriétaire).
Sylvain Dittière possède également un grand îlot de blanc, mêlant chenin et sauvignon, sur environ deux hectares. Ce sont de très vieilles vignes, la majorité des ceps ont une soixantaine d’années, une partie des chenins atteint même les 90 ans. Sylvain possède également une petite friche, dans le prolongement de cette parcelle. Il réfléchit à arracher le sauvignon et à utiliser cette friche en complément afin de planter un cépage rouge, du gamay ou du pineau d’aunis.
Les sols de l’ensemble du domaine sont travaillés et désherbés mécaniquement. Le printemps est une période particulièrement dense avec notamment un décavaillonnage sur toutes les parcelles et un gros travail en vert d’éclaircissage manuel (car oui, il existe des produits chimiques pour cette tâche aussi…). C’est une tâche particulièrement importante, qui permet principalement de garder les grappes bien aérées. L’humidité sur la grappe sèche ainsi plus vite et la pourriture s’installe donc plus difficilement. Cela permet également de réduire l’utilisation de soufre et de cuivre. Il faut compter environ quarante heures de travail par hectare pour cette seule tâche. Les vignes sont rognées, à la main là-aussi. La hauteur de palissage est d’environ 1m80.
Les vendanges sont faites à la main, en caissettes. Sylvain prévoit toujours une grosse équipe, une trentaine de personnes, ce qui est beaucoup pour récolter huit hectares de vignes (il a la charge de vendanger les deux hectares de la cuvée Porte Saint Jean qu’il achète sur pieds, en plus des six hectares qu’il a en propre). L’objectif est d’aller le plus vite possible une fois que la maturité optimale est obtenue.
A la cave
Pour les rouges, la vendange qui arrive au domaine est égrappée et mise en fermentation en cuve fibre par un tapis à vendange. La philosophie de respect du vivant de Sylvain Dittière à la vigne se poursuit au chai et l’ensemble des vinifications se fait sans aucun intrant, ni levurage, ni enzymage, ni azote assimilable, ni soufre….bref, rien. 100% jus de raisin. Les macérations sont longues, de l’ordre de six semaines, une durée plutôt supérieure à la moyenne. Naïvement, on pourrait donc s’attendre à des vins avec de grosses matières et une structure tannique certaine. En fait, c’est exactement l’inverse car le procédé d’extraction est lui aussi des plus simples: RIEN. Sylvain ne fait rien, ni remontage, ni pigeage, ni même arrosage du chapeau de marc (qu’il contrôle quand même tous les jours). Une véritable infusion de cabernet franc, gage d’une belle pureté de fruit et de tanins super fins. La marque de fabrique du domaine.
Les vins sont entonnés pour faire leurs fermentations malo-lactiques. Jus de goutte et jus de presse sont séparés et ne seront assemblés qu’au terme de la période d’élevage. A noter la grande proportion de vin de presse, environ 1/3 du volume (2/3 de goutte donc…), ce qui est logique quand on considère que le marc n’est pas trituré du tout. Certains grains sont même encore intacts au bout des six semaines de fermentation. Les barriques partent ensuite à la cave.
Pour dire les choses simplement, la cave de Sylvain Dittière est d’une beauté insoupçonnable et vu la générosité et le talent du proprio, on y passerait bien l’après midi, voire la soirée! En surface, c’est un terrain d’habitation tout ce qu’il y a de plus normal (là où Sylvain habite en fait) mais en dessous…On découvre un enchainement de galeries creusées dans la roche, datant du XIIIe siècle. Les pierres extraites ont en partie servi à la construction de l’enceinte fortifiée de Montreuil-Bellay (et quand on voit ce qu’il reste de ces fortifications, on se rend bien compte qu’il en fallait quelques brassées, de pierres…). L’endroit n’est pas seulement beau, il est juste idéal pour la conservation du vin, avec une température oscillant entre douze et quatorze degrés toute l’année et une hygrométrie que l’on imagine proche des 100%. Ici, les vins se patinent lentement et longtemps, au minimum dix huit mois. Les barriques sont ensuite assemblées et le vin est mis en bouteille avec une pincée de soufre (entre 15 et 25 mg/L), ce qui objectivement n’est rien. Pour rappel, la limite pour un rouge en bio, c’est 100mg/L (et même 150 en “conventionnel”)
Auparavant assez attaché à avoir un parc de barriques d’origine variée, Sylvain ne se fournit désormais presque plus qu’exclusivement au même endroit, la tonnellerie Dussiaux (qui fournit aussi le Clos Rougeard). La proportion de barriques neuves ne cessent d’augmenter millésimes après millésimes. Les Cormiers est désormais intégralement élevé en barriques neuves tandis que la proportion monte à un peu plus d’un tiers sur les blancs.
Ce qui caractérise les blancs de Sylvain Dittière, c’est leurs longs élevages, à l’image des cuvées de rouge. Là où énormément de domaines de Loire sortent leurs blancs au Printemps qui suit la vendange (entre six et huit mois d’élevage donc, grosso modo), Sylvain pousse ses élevages à vingt mois pour son sauvignon et même vingt quatre mois pour le chenin. Le reste de la vinification est plus classique, pressurage lent sur pressoir pneumatique, un bon débourbage pour ne garder que les lies les plus fines (élevage long oblige) et entonnage. Les malos se font tranquillement à la cave en bas. Sur les rouges, il n’y qu’un seul contenant, la barrique “bordelaise” mais sur les blancs, Sylvain varie les formats: barriques, 500L et même demi muids de 600L. Généralement, il n’y a pas de soutirage et le vin est mis en bouteille en lune descendante, avec un tout petit peu de soufre là aussi, entre 25 et 30mg/L de total. Pour rappel, la quantité maximale autorisée pour un blanc en bio, c’est 150 mg/L (200 en “conventionnel”).
Les différentes cuvées disponibles à la vente actuellement
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Dittière Sylvain – Biturica 2023
21,00€ -
Dittière Sylvain – La Perlée 2021
38,00€ -
Dittière Sylvain – La Petite Perlée 2022
24,00€ -
Dittière Sylvain – La Porte Saint Jean
27,00€ – 30,00€ -
Dittière Sylvain – La Porte Saint Jean 2022 (Magnum)
65,00€ -
Dittière Sylvain – Le Saut Mignon 2021
33,00€ -
Dittière Sylvain – Les Cormiers 2021
52,00€ -
Dittière Sylvain – Les Pouches blanc 2022
49,90€ -
Dittière Sylvain – Les Pouches blanc 2022 (Magnum)
105,00€ -
Dittière Sylvain – Les Pouches rouge 2021
38,00€ -
Dittière Sylvain – Les Pouches rouge 2021 (Magnum)
80,00€ -
Dittière Sylvain – Peau Let’ 2022
68,00€ -
Dittière Sylvain – Roserica 2023
17,50€