Eric Janin
Domaine Paul Janin
Beaujolais
Eric Janin
Domaine Paul Janin
Beaujolais
Histoire du domaine
C’est aujourd’hui Eric Janin qui est à la tête du Domaine Paul Janin, en appellation Moulin-à-Vent. Il représente la quatrième génération de Janin installé à Romanèche Thorins en tant que vigneron. Son arrière grand-père, Jean Claude, s’est installé ici le premier comme vigneron, en 1918. Il était auparavant tonnelier. Cependant, le domaine en tant que tel est crée par son grand-père, Marcel, en 1937, qui achète quelques parcelles de Moulin-à-Vent, au lieu dit Le Tremblay.
– “Les Janin, c’est un siècle d’histoire viticole sur Moulin-à-Vent” –
En 1962, c’est au tour de Paul (le père d’Eric donc, vous suivez toujours?) d’arriver sur le domaine. Le domaine s’agrandit, avec notamment l’achat de la parcelle sur Les Greneriers, qui deviendra la cuvée « phare » du domaine. Il donne également son prénom au domaine et finalise de mettre en place la mise en bouteille et la vente aux particuliers (plutôt qu’à la coopérative), pratique initiée par son père (Marcel).
Eric arrive lui au domaine en 1983, fraichement diplômé en viticulture et en oenologie et les 3 générations (Marcel, Paul et Eric) travaillent de concert quelques années. En 1995, c’est l’arrêt total de l’utilisation des désherbants et un retour au travail du sol, une pratique alors quasiment unique pour l’époque. Depuis 2008, Eric est seul à la tête du domaine.
2018, pile 100 ans après le début de l’histoire, c’est Perrine, la fille d’Eric Janin, qui signe son arrivée au domaine suite à ses études de viticulture-oenologie. Une cinquième génération de vigneron.n.e donc qui contemple derrière elle un siècle d’histoire du vin de Moulin-à-Vent chez les Janin. Un héritage à préserver, assurément, mais aussi à inscrire dans le futur.
La vie à la vigne
7.5 Ha. C’est aujourd’hui la surface de vignes que possède les Janin. Dans le passé, le domaine était plus grand puisque la surface est montée jusqu’à pratiquement 13 Ha. C’était un peu trop pour Eric, qui travaille seul et qui fournit un gros travail à la vigne (avec des sols labourés notamment, on y reviendra). Parmi ces 7.5 hectares, pratiquement 7 hectares sont du rouge (du gamay évidemment) tandis que les 6000m2 restant sont composés d’une petite parcelle de chardonnay.
C’est Eric qui a planté cette vigne, il y a une dizaine d’années. Il l’a fait sur une parcelle qu’il connait particulièrement bien puisqu’elle est située derrière sa maison, dans le village de Romanèche-Thorins. Le sol y est assez profond, avec juste ce qu’il faut d’argile (un “réservoir” naturel d’eau) pour éviter les déficits hydriques en été.
Les Janin possèdent également de petites parcelles en appellation Beaujolais village, sur la commune de Lancié. Les vignes ont là-bas une cinquantaine d’années et sont implantées sur un sol assez profond, avec une alternance de couches d’alluvions et de colluvions qui amènent un peu de granite rose décomposé.
– “Pas forcément les terroirs les plus connus mais des très vieilles vignes” –
Les plus vieilles vignes du domaine en Moulin-à-Vent ont plus de cent ans. Elles sont situés au lieu-dit Les Burdelines, dans le bourg du village. Ces vignes sont dans la famille Janin depuis les années 30.
Ces vieux ceps font partie d’un ensemble de 3 parcelles plantées uniquement de vieilles vignes (environ 80 ans) et qui forment Le Clos du Tremblay. Le sol ici est ici composé majoritairement de sables, avec quelques poches d’argile disséminées ici et là.
Pour compléter ce patrimoine familial, Eric a récemment acheté deux parcelles, toujours en appellation Moulin-à-Vent et toujours sur la commune de Romanèche-Thorins. La première est une vigne de 60 ans (non plantée par les Janin), située au lieu-dit Aux Caves. C’est un climat méconnu mais très qualitatif, “encerclé” par les plus réputés La Rochelle et Le Mont (ce dernier étant surtout connu sous le nom de Rochegrès, climat revendiqué par le Château des Jacques notamment).
La parcelle fait ici un demi-hectare. Elle est implantée sur un sol très particulier, à tendance sablonneuse mais avec aussi beaucoup d’argile. Eric aime beaucoup cet endroit, qui lui a demandé beaucoup de travail à sa reprise en 2011 (avec des vignes dans un état moyen et pas mal de manquants) mais le travail paye et aujourd’hui, les jus provenant de cette parcelle sont extrêmement qualitatifs. Eric a même pensé un moment les isoler pour en faire une cuvée parcellaire mais compte tenu de la surface limitée et des rendements encore limités (30Hl/hectare), le nombre de bouteilles serait trop faible à ses yeux pour une nouvelle cuvée (environ 2000 bouteilles).
L’autre parcelle entrée récemment dans le giron d’Éric se situe au lieu-dit Les Pérelles. Elle date également de 2011 mais cette fois ci, c’est Éric qui a fait la plantation, avec une sélection massale de ses vieilles vignes. D’une surface d’un demi hectare, c’est la seule vigne récente du domaine. C’est également la seule vigne palissée (un très beau palissage d’ailleurs, très haut). Une parcelle définitivement atypique puisqu’Eric expérimente aussi une nouvelle taille ici, en V, palissée donc mais avec deux bras fructifères.
Eric exploite environ une demi douzaine d’autres parcelles sur Romanèche parmi lesquelles se trouvent les célèbres Greneriers, de très vieilles vignes sur argiles rouges qui, dans les millésimes les plus qualitatifs, sont isolées dans une cuvée parcellaire (dernier millésime : 2015).
Fait (extrêmement) rare sur Buveur de Vin, le domaine Janin n’est pas en agriculture biologique. Eric évoque sans détour ce choix, un choix fort, mûrement réfléchi et assumé. Eric est extrêmement respectueux de ses terroirs et de l’environnement. Il n’utilise ni insecticide et surtout pas de désherbant (depuis plus de 20 ans!), une pratique (très) rare en Beaujolais. Les sols sont travaillés (entre 3 et 4 passages de labour par saison) et croyez moi, ils ne sont pas si nombreux que ça à le faire, avec les dénivelés et les densités de plantations que l’on trouve là-bas ! La raison pour laquelle Eric n’est pas “en bio”, c’est qu’il utilise un produit non autorisé en certification, un anti-mildiou systémique.
– “Le Cuivre est un poison pour les sols granitiques et acides du Beaujolais” –
La seule arme dont dispose “les bios” pour lutter contre le mildiou, c’est le cuivre. Le problème, c’est que le cuivre n’est ni assimilé, ni détruit, et qu’il est particulièrement délétère lorsque les sols sont acides, comme c’est le cas dans le Beaujolais. Ce cuivre va se stocker dans le sol au fil des années et pour Eric, une bonne partie du vignoble court droit à la catastrophe avec les doses de cuivre aujourd’hui employées en agriculture biologique. Il n’en utilise donc pas, ou très peu et, en contrepartie, se passe de la certification “agriculture biologique”.
J’insiste assez longuement sur cet aspect mais il est intéressant d’avoir une voix “dissonante”, avec un avis argumenté et réfléchit, qui a le mérite de poser un débat. Il faut également savoir que l’UE a récemment interdit (brièvement) l’utilisation du cuivre avant de finalement faire machine arrière, en baissant toutefois les doses admissibles (de 6Kg/an/hectare à 4kg/an/hectare, lissable sur 7 ans). L’interdiction du cuivre entrainerait la mort quasi-certaine de la viticulture biologique. Un débat complexe, évidemment…où chacun se fera sa propre opinion.
Ce qu’il faut retenir surtout c’est qu’Eric est un amoureux de ses terres, cette terre de Moulin-à-Vent que travaille sa famille depuis plus d’un siècle, qu’il y est extrêmement attaché et qu’il prend les décisions qui lui semblent les meilleures, même si elles ne sont pas très “tendance”. Eric avait également commencé à travailler en biodynamie, il y a maintenant de nombreuses années, une pratique qu’il a également cessé.
Eric ne travaille pas les sols durant l’hiver. Là-aussi, c’est un vrai parti pris. Il souhaite laisser un couvert végétal durant toute la période hivernale pour protéger ses sols, notamment de l’érosion. Cette herbe, qui est ensuite enfouie au printemps, constitue également une ressource en azote immédiatement disponible pour la vigne, ce qui est évidemment très bénéfique. Le risque d’avoir une végétation assez importante et installée durant tout l’hiver a cependant quelques inconvénients. Le principal étant que si les températures remontent très vite au printemps, la végétation explose, tandis que dans le même temps les sols mettent parfois pas mal de temps à ressuer et à devenir praticables pour le passage d’un tracteur. L’herbe envahit alors assez vite les parcelles, ce qui pose beaucoup de problèmes pour le passage des outils lorsque celle-ci est trop haute.
De la vigne au vin
Les vendanges se font évidemment à la main, en caissettes, avec un double tri, d’abord à la parcelle puis ensuite au chai sur table vibrante. Auparavant, toutes les vinifications se faisaient en grappes entières mais depuis quelques années, Eric égrappe pour s’adapter au millésime s’il en ressent le besoin. Cela a notamment était le cas en 2016 et 2017 où à cause de la grêle, la vendange n’était pas dans un état sanitaire parfait. Pour Eric, les rafles blessées, même guéries en apparence, amènent toujours des faux goûts ensuite en élevage. On utilise de manière générale assez peu l’égrappoir dans le Beaujolais où beaucoup vinifient en vendanges entières (notamment en macération carbonique).
Les vinifications se font en cuve béton, comme traditionnellement dans la région. Ce qui est (beaucoup) moins commun par contre, c’est qu’Éric place ensuite ses vins (les rouges) en cuve inox pour l’élevage. Ils y restent une dizaine de mois, jusqu’à la vendange suivante. Les barriques et le bois en général ont ici été presque totalement abandonnés (les rouges étaient élevés en foudre auparavant) et il ne reste plus que quelques fûts, où Éric élève son chardonnay. Ce dernier n’est pas soutiré durant toute la phase d’élevage, qui dure une dizaine de mois là-aussi. Les malos ne se font jamais totalement (parfois pas du tout, parfois partiellement), une volonté d’Éric pour garder de l’acidité et une trame fraiche dit-il.
Éric est extrêmement pointu sur la gestion de l’oxygène sur ses rouges, afin de trouver le bon équilibre entre réduction (pour protéger le fruit (je schématise)) et micro-oxydation (pour patiner et complexifier le vin (je schématise toujours)). Toutes les cuves sont saturées en azote en guise de protection contre l’oxydation (ciel artificiel) puis sont ensuite nanobullées (avec de l’air, et pas de l’oxygène pur). C’est un peu technique mais ce qu’il faut retenir c’est que grâce à cette installation, Éric est capable d’introduire très précisément la quantité d’oxygène qu’il souhaite dans ses vins et que cet oxygène est combiné et assimilé de suite (contrairement à un élevage barrique + soutirage, où il est impossible de quantifier très précisément l’apport d’oxygène), ce qui l’aide à trouver l’équilibre parfait qu’il recherche. Éric a commencé à travailler en cave de cette façon en 2014-2015, il expérimente encore sur certains points mais ce qui est sûr, c’est que pour lui c’est une véritable (r)évolution et qu’il ne reviendra pas en arrière
Les différents vins d’Éric Janin disponibles à la vente
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