Benoit Courault

Portrait de benoit courault-vigneron en anjou

Benoit Courault

Portrait de benoit courault-vigneron en anjou

Avant Propos : Aucun des vins proposés par Benoit ne possède l’appellation d’Origine Contrôlée Anjou (ni aucune autre AOC d’ailleurs). Ce petit portrait présente son histoire, son travail et sa philosophie à la vigne et au chai. Son chai justement est situé à Faye d’Anjou mais il ne produit exclusivement que des VSIG (des Vins Sans Indication Géographique, aussi appelé Vin de France). Si vous voulez en savoir plus sur l’appellation Anjou et les vignerons adhérents (dont Benoit ne fait pas partie donc), vous pouvez consultez le site officiel de la FVAS, la Fédération Viticole de l’Anjou et de Saumur. Bonne découverte !

Histoire

Benoit Courault commence par travailler dans la restauration, comme sommelier. C’est un connaisseur mais il n’a pas vraiment de formation dans le domaine, encore moins de diplôme mais c’est pas grave, il se débrouille bien. Il apprend l’histoire de tous les grands chateaux Bordelais alors que ça ne l’intéresse pas, sert des vins qu’il n’aime pas toujours, bref, il fait le boulot. Cela dure 5 ans.

Un jour, il se décide finalement à passer un diplôme en sommellerie. Il l’obtient (car oui, il se débrouille bien, souvenez vous) et en toute logique, il en profite alors pour…quitter le monde de la restauration.

– J’étais un peu fatigué de servir du vin, alors, j’ai décidé d’en faire – Benoit Courault

Il s’inscrit au lycée viticole de Beaune et fait plusieurs stages dans des domaines à Chambolle-Musigny, pas particulièrement situés dans le haut du panier (euphémisme…). Vente au négoce, viticulture “conventionnelle” (en chimie donc), pas de démarche qualitative particulière, pas beaucoup de passion…mais une période formatrice pour Benoit qui en ressortira avec l’envie de “faire autrement”.

Il part alors en formation chez Eric Pfifferling, au Domaine de l’Anglore, à Tavel. Un autre monde. Il acquière les bases de travail qu’il utilise encore aujourd’hui, la volonté de travailler en respectant le plus possible le vivant et un amour pour les vignes en gobelets (on y reviendra). Il y reste 3 ans.

En 2005, il rachète une petite propriété à Faye d’Anjou et s’y installe avec sa femme. Les installations sont désuètes mais les parcelles lui plaisent, des (très) vieilles vignes sur de beaux terroirs. 7ha, du chenin, du grolleau, du cabernet et beaucoup de travail l’attendent.

Les Pratiques Culturales

Les Vieilles Vignes (certaines sont centenaires) c’est bien, mais il y a beaucoup de manquant, trop, et les rendements sont ridicules, inférieurs à 10 hectolitres à l’hectare sur certaines parcelles. Benoit décide alors d’arracher une partie des vignes les plus agées pour replanter, parfois en plantant un cépage qu’il lui plait d’avantage (il aime le grolleau), ou qu’il considère plus adapté à chaque parcelle.

Une attention incroyable est portée à la sélection du nouveau matériel végétal. Benoit sélectionne ses pépiniéristes et ses plants avec une grande attention, s’essaye à différents types de porte-greffe et à plusieurs types de greffage. Il a par exemple aujourd’hui abandonné le greffage en omega. Sur certaines parcelles, pour compléter les manquants et plutôt que d’acheter des plants “tout fait”, il a également planté du Rupestris, qu’il laisse pousser et s’implanter en profondeur pendant 3 ou 4 ans. Il le coupe ensuite à quelques centimètre du sol et y greffe des sarments qu’il a précédemment sélectionné sur ses meilleurs ceps. Une sélection massale améliorée en somme, où il s’assure avant greffage de la provenance et du bon enracinement du porte-greffe.

A droite, quelques pieds de Rupestris vieux de 4 ans, dans une vieille vigne de chenin

Benoit possède une certification biologique, accordée par Nature et Progrès. Pour autant, il n’en fait pas mention. A ses yeux, Nature et Progrès est le “moins mauvais” des labels bio mais pour autant, il n’est pas pleinement satisfaisant. Il est compliqué pour lui de trouver un label qui correspond à sa vision de la viticulture et du vin. Benoit n’utilise aucun produit phytosanitaire hormis le cuivre et le soufre (qui sont des produits autorisés même en agriculture certifiée). Les vignes reçoivent également des tisanes de plantes. Elles ne sont pas dynamisées et Benoit n’utilise ni préparation 500, ni 501.

Depuis quelques années, Benoit travaille énormément avec des engrais verts et ses vignes présentent un couvert végétal utile, généralement présent un rang sur deux. Les semis, de légumineuses et graminés, se font en général au début du printemps (parfois en automne) . Avoine, Seigle, Phacélie, Vesce, Lotier, Triticale… font partie des ses expérimentations. Ce couvert végétal est en général couché au début de l’été. Cela permet de garder une certaine quantité d’humidité au pieds des ceps et surtout de créer une couche superficielle de terre riche en rhizomes, ce qui aide à la décompaction des sols et à maintenir des réserves en nutriments.

Couvert végetal dans une jeune vigne de chenin
Phacélie et lotier en couvert végétal dans une vigne de Cabernet. Benoit ébourgeonne

Benoit possède deux chevaux, qu’il utilise en priorité plutôt que le tracteur, pour travailler dans les vignes. Les chevaux rendent notamment de grands services en aidant à maintenir les sols aérés et vivants et dans certaines vieilles vignes non plantées au cordeau (où la distance inter-rang n’est pas constante).

benoit courault cheval trait breton norway et son noveau copain
Norway, le trait breton de Benoit a maintenant un nouveau copain

Benoit est un vrai “paysan-vigneron”. Les vignes sont cultivées comme un jardin, avec bon sens, beaucoup d’observation et d’expérimentations mais sans aucun dogme ni certitude et en poursuivant toujours la devise qu’il s’est fixé : “Cultiver dans le respect du vivant”.

Les Vignes

Benoit possède aujourd’hui autour de 6 hectares de vignes, reparties sur une dizaine de parcelles différentes. L’essentiel se situe au sud de Faye d’Anjou, sur un mont faisant face au Layon et culminant à une centaine de mètres d’altitude. Les vignes de chenin sont généralement plantées sur le plateau tandis que les rouges sont plutôt sur les pentes.

J’aime pas trop les vignes en 2D, je préfère la 3D – Benoit Courault 

L’essentiel des vignes est planté en gobelet, ce qui n’est pas très commun pour la région. Les seuls vignes palissées sont les vignes qui entourent la maison de Benoit.

Vignes autour de la maison de Benoit, avec une vue plutôt sympa !

La taille gobelet ne présente pas que des avantages. Les vignes sont en général plus promptes à la casse en cas de vent qu’une vigne palissée et il faut bien dire que souvent, ça souffle pas mal là-haut sur le plateau. Les vignes demandent ainsi plus de travail, notamment sur le rognage, qui doit être un peu plus court pour éviter une trop grande prise au vent ainsi que sur l’attachage, qui doit être soigné, surtout sur les plants les plus jeunes.

Sarment cassé par le vent, un pied de Chenin qui ne donnera rien cette année...
Benoit attache un jeune pied de Pineau d'Aunis pour éviter la casse
Simple et efficace !

Les vignes que Benoit a acheté étaient toutes palissées donc il fait son possible depuis, à chaque taille, pour parvenir a de beaux gobelets mais c’est un processus très long. L’intérêt principal du gobelet pour Benoit, c’est de créer une sorte de “micro-climat” au coeur du cep, favorable à une bonne maturation des baies. Et puis c’est plus joli aussi que d’avoir des rangées entières de vignes tenu par des fils de fer et où rien ne dépasse (ce qui est vrai!).

Un cep de Chenin, qui en a vu d'autres...
Pineau d'Aunis, 5 ans

Le sol est assez homogène sur l’ensemble du plateau où Benoit possède la majorité de ses vignes. Comme souvent, la couche de terre (schiste dégradé) est légèrement plus fine au sommet, quelques dizaines de centimètres seulement. En dessous, on retrouve un sous-sol de schiste, traditionnel du coin et conférant aux sols des PH assez bas.

Le schiste ardoisier ressort en surface par endroits avec une présence plus ou moins marqué d’oxydes de fer

La Cave

Benoit possède la même cave qu’à son installation. Pas de chai de designer ultramoderne à plusieurs millions d’euros ici puisqu’il s’agit en fait d’une ancienne maison d’habitation d’une cinquantaine de mètres carrés reconverti en chai.

Le Chai...
et son entrée principale

Les installations se limitent au minimum, quelques cuves Vaslin à chapeau flottant, sans contrôle de température, qui servent à la fois pour la vinification et une partie de l’élevage. Un parc de barriques usagées , provenant des vignerons alentours et deux foudres (dont un de 12 hectolitres Marc Grenier) complètent l’ensemble. Benoit n’a jamais acheté une seule barrique neuve car cela ne correspond pas aux vins qu’il souhaite faire.

– 80% du travail en cave, en tout cas chez moi, ça consiste à laver des tuyaux et ça, bon… ça me gonfle un peu – Benoit Courault

Benoit n’aime pas être en cave, il aime être dans les vignes. Sa philosophie, c’est de rentrer les meilleurs raisins possibles, de ne rien y ajouter et d’intervenir le moins possible ensuite, en contrôlant bien sûr qu’il n’y ait aucune déviation. Benoit est un excellent dégustateur et vous ne trouverez pas de rouges qui sentent la basse-cour ou de blancs oxydés chez lui comme chez certains vignerons “non-interventionniste”.

Benoit Courault chai intérieur
Benoit Courault dans son chai

Les rouges sont mis en cuve en grappes entières puis légèrement foulés aux pieds. Aucun intrant n’est ajouté (ni levures, ni soufre, ni azote assimilable, ni rien..) et les grappes fermentent sur levures indigènes pendant une quinzaine de jours, pratiquement sans intervention si ce n’est quelques pigeages pour garder le chapeau de marc humide. Benoit ne cherche pas à extraire beaucoup, il cherche à faire des rouges orientés sur la buvabilité, avec des structures tanniques très fines et un joli éclat de fruit. La fin de la fermentation alcoolique et la fermentation malolactique se font généralement en barrique. Un soutirage au printemps, avec ajout d’1g de soufre (la seule dose de soufre utilisé, il n’en rajoute pas à la mise) puis passage en cuve pour préparer la mise en bouteille, qui a lieu en général en Juillet.

Pour les blancs, Benoit a abandonné ses deux vieux pressoirs verticaux, il préfère désormais louer un pressoir pneumatique horizontal. Le pressurage est assez long, une douzaine d’heure, un petit débourbage et le jus est entonné, en foudre ou en barrique de plusieurs vins. Il y fermentera tranquillement sur levures indigènes. Parfois, le vin reste même en cuve, Benoit ne souhaite aucun apport du bois, quelque soit la cuvée. Le cycle normal est de soutirer le vin une fois après la fermentation malolactique, avec ajout d’1g de soufre (seul intrant de tout le processus, comme pour les rouges) pour mettre en bouteille pendant l’été. Parfois, les fermentations sont plus lentes alors le vin patiente en cuve jusqu’à ce qu’il se soit bien stabilisé.

Benoit Courault chai cuve vaslin
Benoit vinifie majoritairement en cuve fibre Vaslin
Benoit courault-foudre grenier
Foudre Grenier de 12hl

Les cuvées produites par Benoit varient d’année en année et même si certains noms de cuvées restent (Gilbourg, Les Guinechiens, Les Rouliers, entre autres), elles ne sont en fait pas toujours constituées avec les même parcelles et le style peut évoluer en fonction du millésime. Je vous invite donc à lire la description de chaque cuvée présente dans la boutique pour en connaitre tous les details.

Les vins de Benoit disponibles en ce moment dans la cave